Code de déontologie de la profession de commissaire aux comptes

9 décembre 2024

Annexe 8-1 du Livre VIII du code de commerce, partie réglementaire

Version en vigueur depuis le 01 janvier 2024

Modifié par Ordonnance n°2023-1142 du 6 décembre 2023 – art. 31

Conformément à l’article 32 de l’ordonnance n° 2023-1142, ces dispositions entrent en vigueur le 1er janvier 2024.

Article 1er

Le présent code définit la déontologie à laquelle est soumis le commissaire aux comptes dans l’exercice de son activité professionnelle, quelle que soit la nature des missions ou des prestations qu’il fournit. Ses dispositions s’imposent à tout commissaire aux comptes, quel que soit son mode d’exercice.

Pour l’application du présent code, le terme « missions » désigne les missions de contrôle légal et les autres missions confiées par la loi ou le règlement au commissaire aux comptes et le terme « prestations » désigne les services et attestations fournis par un commissaire aux comptes, en dehors ou dans le cadre d’une mission légale.

Le respect des dispositions du présent code fait l’objet de vérifications lors des contrôles et des enquêtes auxquels sont soumis les commissaires aux comptes.

TITRE Ier – DISPOSITIONS COMMUNES APPLICABLES AUX COMMISSAIRES AUX COMPTES DANS L’EXERCICE DE LEUR ACTIVITE PROFESSIONNELLE

Article 2

Le commissaire aux comptes doit se conformer aux lois et règlements ainsi qu’aux dispositions du présent code.

Le titre 1er s’applique au commissaire aux comptes dans l’exercice de son activité professionnelle, quelle que soit la nature de la mission ou de la prestation qu’il fournit.

Le titre II s’applique au commissaire aux comptes qui réalise une mission de certification des comptes, ainsi qu’une autre mission ou une prestation pour l’entité dont il certifie les comptes.

TITRE Ier - DISPOSITIONS COMMUNES APPLICABLES AUX COMMISSAIRES AUX COMPTES DANS L’EXERCICE DE LEUR ACTIVITE PROFESSIONNELLE

Section 1 - Principes fondamentaux de comportement

Article 3 – Intégrité

Le commissaire aux comptes exerce son activité professionnelle avec honnêteté et droiture. Il s’abstient, en toutes circonstances, de tout agissement contraire à l’honneur et à la probité.

Article 4 – Impartialité

Dans l’exercice de son activité professionnelle, le commissaire aux comptes conserve en toutes circonstances une attitude impartiale. Il fonde ses conclusions et ses jugements sur une analyse objective de l’ensemble des données dont il a connaissance, sans préjugé ni parti pris.

Il évite toute situation qui l’exposerait à des influences susceptibles de porter atteinte à son impartialité.

Article 5 – Indépendance et prévention des conflits d’intérêts

I.-Le commissaire aux comptes doit être indépendant de la personne ou de l’entité à laquelle il fournit une mission ou une prestation. Il doit également éviter de se placer dans une situation qui pourrait être perçue comme de nature à compromettre l’exercice impartial de sa mission ou de sa prestation. Ces exigences s’appliquent pendant toute la durée de la mission ou de la prestation, tant à l’occasion qu’en dehors de leur exercice.

Toute personne qui serait en mesure d’influer directement ou indirectement sur le résultat de la mission ou de la prestation est soumise aux exigences d’indépendance mentionnées au présent article.

II.-L’indépendance du commissaire aux comptes s’apprécie en réalité et en apparence. Elle se caractérise par l’exercice en toute objectivité des pouvoirs et des compétences qui sont conférés par la loi. Elle garantit qu’il émet des conclusions exemptes de tout parti pris, conflit d’intérêt, influence liée à des liens personnels, financiers ou professionnels directs ou indirects, y compris entre ses associés, salariés, les membres de son réseau et la personne ou l’entité à laquelle il fournit la mission ou la prestation. Elle garantit également l’absence de risque d’autorévision conduisant le commissaire aux comptes à se prononcer ou à porter une appréciation sur des éléments résultant de missions ou de prestations fournies par lui-même, la société à laquelle il appartient, un membre de son réseau ou toute autre personne qui serait en mesure d’influer sur le résultat de la mission ou de la prestation.

III.-Lorsqu’il se trouve exposé à des situations à risque, le commissaire aux comptes prend immédiatement les mesures de sauvegarde appropriées en vue, soit d’en éliminer la cause, soit d’en réduire les effets à un niveau suffisamment faible pour que son indépendance ne risque pas d’être affectée et pour permettre l’acceptation ou la poursuite de la mission ou de la prestation en conformité avec les exigences légales, réglementaires et celles du présent code.

Lorsque les mesures de sauvegarde sont insuffisantes à garantir son indépendance, il met fin à la mission ou à la prestation.

Article 6 – Esprit critique

Dans l’exercice de son activité professionnelle, le commissaire aux comptes adopte une attitude caractérisée par un esprit critique.

Article 7 – Compétence et diligence

Le commissaire aux comptes doit posséder les connaissances théoriques et pratiques nécessaires à la réalisation de ses missions et de ses prestations. Il maintient un niveau élevé de compétence, notamment par la mise à jour régulière de ses connaissances et la participation à des actions de formation.

Le commissaire aux comptes veille à ce que ses collaborateurs disposent des compétences appropriées à la bonne exécution des tâches qu’il leur confie et à ce qu’ils reçoivent et maintiennent un niveau de formation approprié.

Lorsqu’il n’a pas les compétences requises pour réaliser lui-même certains travaux indispensables à la réalisation de sa mission ou de sa prestation, le commissaire aux comptes fait appel à des experts indépendants de la personne ou de l’entité pour laquelle il les réalise.

Le commissaire aux comptes doit faire preuve de conscience professionnelle, laquelle consiste à exercer chaque mission ou prestation avec diligence et à y consacrer le soin approprié.

Article 8 – Confraternité

Dans le respect des obligations attachées à leur activité professionnelle, les commissaires aux comptes entretiennent entre eux des rapports de confraternité. Ils se gardent de tout acte ou propos déloyal à l’égard d’un confrère ou susceptible de ternir l’image de la profession.

Ils s’efforcent de résoudre à l’amiable leurs différends professionnels. Si nécessaire, ils recourent à la conciliation du président de leur compagnie régionale ou, s’ils appartiennent à des compagnies régionales distinctes, des présidents de leur compagnie respective.

Article 9 – Secret professionnel et discrétion

Le commissaire aux comptes respecte le secret professionnel auquel la loi le soumet. Il ne communique les informations qu’il détient qu’aux personnes légalement qualifiées pour en connaître.

Il fait preuve de prudence et de discrétion dans l’utilisation des informations qui concernent des personnes ou entités auxquelles il ne fournit pas de mission ou de prestation.

Section 2 - Conduite de la mission ou de la prestation

Article 10 – Recours à des collaborateurs et experts

Le commissaire aux comptes peut se faire assister ou représenter par des collaborateurs ou des experts. Il ne peut leur déléguer ses pouvoirs. Il conserve toujours l’entière responsabilité de sa mission ou de sa prestation. Il s’assure que les collaborateurs ou experts auxquels il confie des travaux respectent les règles applicables à la profession et sont indépendants de la personne ou entité à laquelle il fournit sa mission ou sa prestation.

Article 10-1 (Abrogé)

Article 11 – Fin de la mission ou de la prestation

Le commissaire aux comptes ne peut démissionner d’une mission ou mettre fin à une prestation pour se soustraire à la déclaration de sommes ou d’opérations soupçonnées d’être d’origine illicite.

Section 3 - Honoraires

Article 12 – Principe général

La rémunération du commissaire aux comptes est en rapport avec l’importance des diligences à mettre en œuvre, compte tenu d’une part, de la nature de la mission ou de la prestation, et d’autre part, de la taille, de la nature et de la complexité des activités de la personne ou de l’entité pour laquelle elle est réalisée.

Le commissaire aux comptes ne peut accepter un niveau d’honoraires qui risque de compromettre la qualité de ses travaux.

Une disproportion entre le montant des honoraires perçus et l’importance des diligences à accomplir affecte l’indépendance et l’objectivité du commissaire aux comptes. Celui-ci doit alors mettre en oeuvre les mesures de sauvegarde appropriées.

Le mode de calcul des honoraires relatifs à des travaux ou diligences non prévus lors de l’acceptation de la mission ou de la prestation, mais qui apparaîtraient nécessaires à son exécution, doit être convenu lors de l’acceptation de la mission ou de la prestation ou, à défaut, au moment où il apparaît que des travaux ou diligences complémentaires doivent être réalisés.

Article 13 – Honoraires subordonnés

Un commissaire aux comptes ne peut accepter aucune forme de rémunération proportionnelle ou conditionnelle.

Article 14 – Interdiction des sollicitations et cadeaux

Il est interdit au commissaire aux comptes, à la société de commissaires aux comptes à laquelle il appartient, le cas échéant, aux membres de la direction de ladite société et aux personnes mentionnées au II de l’article L. 822-11-3 de solliciter ou d’accepter des cadeaux sous forme pécuniaire ou non pécuniaire ou des faveurs de la personne ou de l’entité dont les comptes sont certifiés ou de toute personne ou entité qui la contrôle ou qui est contrôlée par elle au sens des I et II de l’article L. 233-3 du code de commerce, sauf si leur valeur n’excède pas un plafond fixé par arrêté du ministre de la justice.

Section 4 - Publicité, sollicitation personnalisée et services en ligne

Article 15 – Publicité

La publicité est permise au commissaire aux comptes dans la mesure où elle procure au public une nécessaire information. Les moyens auxquels il est recouru à cet effet sont mis en oeuvre, de façon à ne pas porter atteinte à l’indépendance, à la dignité et à l’honneur de la profession, pas plus qu’aux règles du secret professionnel, à la loyauté envers les clients et les autres membres de la profession.

Les commissaires aux comptes utilisent le titre de commissaire aux comptes et le font suivre de l’indication de la compagnie régionale dont ils sont membres.

Lorsqu’il présente son activité professionnelle à des tiers, par quelque moyen que ce soit, le commissaire aux comptes ne doit adopter aucune forme d’expression qui soit de nature à compromettre la dignité de sa fonction ou l’image de la profession.

La publicité est exempte de tout élément comparatif.

Article 16 – Sollicitation personnalisée et proposition de services en ligne

I.-Toute sollicitation personnalisée et toute proposition de services en ligne procurent une information sincère sur la nature des missions et prestations proposées par les commissaires aux comptes. Leur mise en œuvre respecte les règles déontologiques applicables à la profession, notamment les principes de dignité, de confraternité, de loyauté envers les clients et les autres membres de la profession.

Elles excluent tout élément comparatif ou dénigrant.

II.-La sollicitation personnalisée ne peut être effectuée que sous la forme d’un envoi postal ou d’un courrier électronique adressé à une personne physique ou morale déterminée destinataire de l’offre de service. Le démarchage physique ou téléphonique, ainsi que tout message textuel envoyé sur un terminal téléphonique mobile sont par ailleurs exclus.

La sollicitation personnalisée précise les modalités de détermination des honoraires du professionnel.

III.-L’utilisation de noms de domaine composés uniquement du titre de la profession ou d’un titre pouvant prêter à confusion ou de l’appellation d’une activité exercée par la profession, est interdite.

Les sites internet des commissaires aux comptes ne peuvent comporter aucun encart ou bannière publicitaire, autres que ceux de la profession ou des professions avec lesquelles ils sont autorisés à s’associer.

Section 5 - Limitations et interdictions

Article 17 – Monopoles des autres professions – Consultations juridiques et rédaction d’actes

I. – Le commissaire aux comptes respecte les monopoles des autres professions.

II. – Il ne peut notamment donner de consultations juridiques et rédiger des actes sous seing privé que dans les conditions prévues par l’article 59 de la loi n° 71-1130 du 31 décembre 1971.

III. – Lorsqu’il fournit une prestation le conduisant à recevoir, conserver ou délivrer des fonds ou valeurs, ou à donner quittance, le commissaire aux comptes signe avec la personne ou entité qui le sollicite, un mandat spécial précisant que cette opération est réalisée par virement électronique grâce à la fourniture de codes d’accès spécifiques aux comptes bancaires en ligne de cette personne ou entité.

TITRE II - DISPOSITIONS COMPLEMENTAIRES APPLICABLES AUX COMMISSAIRES AUX COMPTES DANS L’EXERCICE DE LEUR ACTIVITE PROFESSIONNELLE POUR LE COMPTE DE LA PERSONNE OU DE L’ENTITE DONT ILS CERTIFIENT LES COMPTES

Article liminaire

Le commissaire aux comptes exerce une mission d’intérêt général dans les conditions fixées par la loi.

Section 1 - Interdictions - Situations à risque et mesures de sauvegarde

Article 18 – Services interdits pour la certification des comptes d’une entité d’intérêt public

Les services mentionnés au II de l’article L. 822-11 sont interdits.

Article 19 – Identification et traitement des risques

I.-Le commissaire aux comptes identifie les risques de nature à affecter d’une quelconque façon la formation, l’expression de son opinion ou l’exercice de sa mission de contrôle légal, qu’il certifie les comptes d’une entité d’intérêt public ou ceux d’une autre entité.

Son appréciation porte notamment sur les risques d’atteinte à l’intégrité, à l’impartialité, à l’indépendance. Elle porte également sur les risques de conflits d’intérêts ou d’auto-révision, ainsi que sur ceux qui résultent de liens personnels, professionnels ou financiers.

Il tient compte, en particulier, des risques et contraintes qui résultent, le cas échéant, de son appartenance à un réseau, notamment lorsqu’il se trouve dans l’une des situations mentionnées à l’article L. 822-11-1 du code de commerce.

Il tient compte également des risques d’autorévision le conduisant à se prononcer ou à porter une appréciation sur des éléments résultant de prestations de service fournies par lui-même, la société à laquelle il appartient, un membre de son réseau ou toute autre personne qui serait en mesure d’influer sur le résultat de la mission de certification.

II. – Lorsqu’il se trouve exposé à des situations à risque, le commissaire aux comptes prend immédiatement les mesures de sauvegarde appropriées conformément aux dispositions du III de l’article 5 du présent code.

Le commissaire aux comptes doit pouvoir justifier qu’il a procédé à l’analyse de la situation et des risques et, le cas échéant, qu’il a pris les mesures appropriées.

Il ne peut accepter une mission de contrôle légal ou la poursuivre que s’il est en mesure de justifier que son jugement professionnel, l’expression de son opinion ou l’exercice de sa mission de contrôle légal ne sont pas affectés.

III. – En cas de doute sérieux ou de difficulté d’interprétation, le commissaire aux comptes saisit, pour avis, la Haute autorité de l’audit.

Article 20 – Risques liés aux fusions ou acquisitions intéressant la personne ou l’entité dont les comptes sont certifiés

Lorsqu’au cours de la période couverte par les états financiers, une personne ou entité dont les comptes sont certifiés fusionne, acquiert ou est acquise par une autre personne ou entité, le commissaire aux comptes apprécie si, à la date de prise d’effet de la fusion ou de l’acquisition, les intérêts ou relations actuels ou récents entretenus avec cette personne ou entité, notamment les missions et les prestations autres que la certification des comptes qui lui ont été fournies, sont de nature à compromettre son indépendance.

Il prend toutes mesures de sauvegarde nécessaires pour mettre fin à la situation compromettant son indépendance, dans les plus brefs délais et au plus tard dans un délai de trois mois à compter de la date de prise d’effet de la fusion ou de l’acquisition. Lorsque les mesures de sauvegarde sont insuffisantes à garantir son indépendance, il met fin à son mandat.

Section 2 - Acceptation, conduite et maintien de la mission de contrôle légal du commissaire aux comptes

Article 21 – Acceptation d’une mission de contrôle légal

Avant d’accepter une mission de certification, le commissaire aux comptes vérifie que son accomplissement est compatible avec les exigences légales et réglementaires et celles du présent code.

A cet effet, il vérifie et consigne les éléments prévus à l’article L. 820-3 du code de commerce et réunit les informations nécessaires :

a) Sur la structure de la personne ou entité dont les comptes seront certifiés, son actionnariat et son domaine d’activité ;

b) Sur son mode de direction et sur la politique de ses dirigeants en matière de contrôle interne et d’information financière.

Lorsque la mission de certification concerne une personne ou une entité qui établit des comptes consolidés, le commissaire aux comptes s’efforce en outre d’obtenir les informations nécessaires sur les commissaires aux comptes ou contrôleurs légaux des personnes ou entités incluses dans le périmètre de consolidation, et sur le cadre réglementaire auquel ces derniers sont soumis.

Article 22 – Identification et prévention des risques liés aux missions ou prestations antérieures à la mission de contrôle légal

I. – Avant d’accepter sa nomination, le commissaire aux comptes analyse la nature des missions ou prestations que lui-même ou le cas échéant le réseau auquel il appartient auraient réalisées antérieurement pour la personne ou l’entité intéressée ou pour la personne qui la contrôle ou qui est contrôlée par elle, au sens des I et II de l’article L. 233-3 du code de commerce, afin d’identifier, notamment, les risques d’autorévision qui pourraient résulter de la poursuite de leurs effets dans le temps. Il apprécie leur importance au regard des comptes et met en place les mesures de sauvegarde appropriées.

Dans un tel cas, il communique à la personne ou à l’entité dont il sera chargé de certifier les comptes, pour mise à disposition des actionnaires et associés, les renseignements concernant les missions ou prestations antérieures à sa nomination.

II. – Le commissaire aux comptes ne peut accepter une mission de certification auprès d’une entité d’intérêt public lorsque, au cours de l’exercice précédant celui dont les comptes doivent être certifiés, lui ou tout membre de son réseau a fourni, directement ou indirectement à l’entité d’intérêt public, aux personnes ou entités qui la contrôlent ou qui sont contrôlées par elle dans l’Union européenne, au sens des I et II de l’article L. 233-3 du code de commerce, les services qui sont mentionnés au e du 1 de l’article 5 du règlement UE n° 537/2014.

Article 23 – Conduite de la mission

I. – Le commissaire aux comptes accomplit sa mission de contrôle légal en respectant les normes d’audit mentionnées aux articles L. 821-13 et L. 821-14 du code de commerce. Il est attentif aux éléments qui pourraient révéler l’existence d’éventuelles anomalies significatives dues à une erreur ou à une fraude et procède à une évaluation critique des éléments probants pour la certification des comptes.

II. – Lorsqu’il a recours à des experts en application de l’article 10 du présent code, pour l’exercice d’une mission de certification des comptes, le commissaire aux comptes consigne par écrit la demande qu’il a formulée et les conclusions qu’il a reçues.

Article 24 – Exercice de la mission de contrôle légal par plusieurs commissaires aux comptes

Lorsque les comptes d’une personne ou d’une entité sont certifiés par plusieurs commissaires aux comptes, ceux-ci doivent appartenir à des structures d’exercice professionnel distinctes, c’est-à-dire qui n’ont pas de dirigeants communs, n’entretiennent pas entre elles de liens capitalistiques ou financiers et n’appartiennent pas à un même réseau.

Les commissaires aux comptes se communiquent réciproquement les propositions de missions ou de prestations autres que la certification des comptes faites à la personne ou entité dont les comptes sont certifiés.

Lorsque les commissaires aux comptes, partageant une même mission de contrôle légal, ne parviennent pas à s’entendre sur leurs contributions respectives, ils saisissent le président de leur compagnie régionale ou, s’ils appartiennent à des compagnies régionales distinctes, le président de leur compagnie respective.

Article 25 – Poursuite et renouvellement du mandat de contrôle légal

En cours de mandat, le commissaire aux comptes veille à ce que les exigences légales et réglementaires et celles du présent code, remplies lors de l’acceptation de la mission de contrôle légal, soient toujours respectées ; en particulier, il procède à cette vérification avant d’accepter le renouvellement de son mandat.

Article 26 – Succession entre confrères

Le commissaire aux comptes appelé à succéder en tant que titulaire à un commissaire aux comptes dont le mandat venant à expiration ne sera pas renouvelé doit, avant d’accepter cette nomination, s’assurer auprès de ce confrère que le non-renouvellement de son mandat n’est pas motivé par une volonté de la personne ou de l’entité contrôlée de contourner les obligations légales.

La même obligation s’impose au commissaire aux comptes suppléant appelé à succéder de plein droit au commissaire aux comptes titulaire qui démissionne ou est empêché, avant la date normale d’expiration de son mandat.

Article 27 – Information sur la date de fin de mandat

Le commissaire aux comptes dont le mandat ne pourra se poursuivre jusqu’à son échéance par l’application des dispositions de l’article L. 823-3-1 en informe sans délai la personne ou l’entité lors de sa désignation ou de son renouvellement.

Article 28 – Démission

I. – Le commissaire aux comptes exerce sa mission jusqu’à son terme. Il a cependant le droit de démissionner pour des motifs légitimes. Constitue un motif légitime de démission :

a) La cessation définitive d’activité ;

b) Un motif personnel impérieux, notamment l’état de santé ;

c) Les difficultés rencontrées dans l’accomplissement de la mission, lorsqu’il n’est pas possible d’y remédier ;

d) La survenance d’un événement de nature à compromettre le respect des règles applicables à la profession, et notamment à porter atteinte à l’indépendance ou à l’objectivité du commissaire aux comptes.

Le commissaire aux comptes joint à son dossier les différents éléments qui justifient sa démission.

II. – Le commissaire aux comptes ne peut démissionner pour se soustraire à ses obligations légales relatives notamment :

1° A la procédure d’alerte et à la procédure de signalement prévue à l’article 12 du règlement (UE) n° 537/2014 du 16 avril 2014 ;

2° A la révélation de faits délictueux au procureur de la République ;

3° A l’émission de son opinion sur les comptes.

Il ne peut non plus démissionner dans des conditions génératrices de préjudice pour la personne ou l’entité concernée. Il doit pouvoir justifier qu’il a procédé à l’analyse de la situation.

III. – Le commissaire aux comptes qui démissionne en informe le Haut Conseil du commissariat aux comptes et indique les motifs de sa décision.

Il en informe également l’Autorité des marchés financiers et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution lorsque la personne ou l’entité concernée relève de ces autorités.

Section 3 - Exercice en réseau

Article 29 – Appartenance à un réseau

Préalablement à toute acceptation d’une mission de certification des comptes et au cours de son mandat, le commissaire aux comptes doit pouvoir justifier qu’il appartient ou non à un réseau national ou international, qui n’a pas pour activité exclusive le contrôle légal des comptes et dont les membres ont un intérêt économique commun et qu’il a procédé à l’analyse de la situation. Constituent des indices de son appartenance à un tel réseau :

a) Une direction ou une coordination communes au niveau national ou international ;

b) Tout mécanisme conduisant à un partage des revenus ou des résultats ou à des transferts de rémunération ou de coûts en France ou à l’étranger ;

c) La possibilité de commissions versées en rétribution d’apports d’affaires ;

d) Une dénomination ou un signe distinctif communs ;

e) Une clientèle habituelle commune ;

f) L’édition ou l’usage de documents destinés au public présentant le réseau ou chacun de ses membres et faisant mention de compétences pluridisciplinaires ;

g) L’élaboration ou le développement d’outils techniques communs.

Toutefois, ne constituent pas de tels indices l’élaboration ou le développement d’outils techniques communs lorsqu’ils s’inscrivent dans le cadre d’une association technique ayant pour unique objet l’élaboration ou le développement de ces outils, le partage de connaissances ou l’échange d’expériences.

En cas de doute sur son appartenance à un réseau, le commissaire aux comptes saisit pour avis le Haut Conseil du commissariat aux comptes.

Article 30 – Organisation spécifique du commissaire aux comptes membre d’un réseau

Lorsqu’un commissaire aux comptes appartient à un réseau national ou international, qui n’a pas pour activité exclusive le contrôle légal des comptes et dont les membres ont un intérêt économique commun, il doit mettre en place une organisation et des procédures lui permettant d’être informé de la nature et du prix des prestations fournies ou susceptibles d’être fournies par l’ensemble des membres du réseau à toute personne ou entité dont il certifie les comptes, ainsi qu’aux personnes ou entités qui la contrôlent ou qui sont contrôlées par elle, au sens des I et II de l’article L. 233-3.

Section 4 - Liens personnels, financiers et professionnels

Article 31 – Membres de la direction et personnes réputées exercer des fonctions dites sensibles

Pour l’application du présent code, est considérée comme membre de la direction d’une société de commissaires aux comptes toute personne pouvant influer sur les opinions exprimées dans le cadre de la mission de contrôle légal ou qui dispose d’un pouvoir décisionnel en ce qui concerne la gestion, la rémunération, la promotion ou la supervision des membres de l’équipe chargée de cette mission.

Pour l’application de ces mêmes dispositions, est réputé exercer des fonctions dites « sensibles » au sein de la personne dont les comptes sont certifiés :

a) Toute personne ayant la qualité de mandataire social ;

b) Tout préposé de la personne ou entité chargé de tenir les comptes ou d’élaborer les états financiers et les documents de gestion ;

c) Tout cadre dirigeant pouvant exercer une influence sur l’établissement de ces états et documents.

Article 32 – Incompatibilités résultant de liens personnels

I. – Pour l’application du présent code, constitue un lien personnel, le lien entre :

1° Ascendant et descendant au premier degré ;

2° Les collatéraux au premier degré ;

3° Les conjoints, les personnes liées par un pacte civil de solidarité, ou les concubins au sens de l’article 515-8 du code civil.

II. – Est incompatible avec l’exercice de la mission de contrôle légal tout lien personnel entre, d’une part, une personne occupant une fonction sensible au sein de la personne ou entité dont les comptes sont certifiés et, d’autre part :

1° Le commissaire aux comptes ;

2° L’un des membres de la direction de la société de commissaires aux comptes.

III. – Les liens définis au I sont incompatibles avec l’exercice de la mission de contrôle légal lorsqu’ils sont établis entre, d’une part, une personne occupant une fonction sensible au sein de la personne ou de l’entité dont les comptes sont certifiés par le commissaire aux comptes et, d’autre part, un associé ou un salarié du commissaire aux comptes, toute autre personne qui participe à la mission de certification, ou un membre du réseau auquel appartient le commissaire aux comptes, si l’existence de ces liens amènerait un tiers objectif, raisonnable et informé à conclure que, malgré les mesures de sauvegarde appliquées, l’indépendance du commissaire aux comptes est compromise.

Article 33 – Incompatibilités résultant de liens financiers

I. – Sont incompatibles avec l’exercice de la mission de contrôle légal, les liens financiers qui sont établis entre, d’une part, la personne ou l’entité dont les comptes sont certifiés ou une personne ou entité qui la contrôle ou qui est contrôlée par elle au sens des I et II de l’article L. 233- 3 du code de commerce et, d’autre part, le commissaire aux comptes, la société de commissaires aux comptes à laquelle il appartient, les associés et les salariés du commissaire aux comptes qui participent à la mission de certification, ou toute autre personne participant à la mission de certification ainsi que les personnes qui leur sont liées au sens du 3° du I de l’article 25 du présent code et au sens du paragraphe 26 de l’article 3 du règlement (UE) n° 596/2014 du 16 avril 2014 et portant sur les opérations suivantes :

1° L’acquisition ou la détention, directe ou indirecte, d’actions ou de tous autres titres donnant ou pouvant donner accès, directement ou indirectement, au capital ou aux droits de vote de la personne ou entité dont les comptes sont certifiés.

2° L’acquisition ou la détention, directe ou indirecte, d’instruments financiers définis par l’article L. 211-1 du code monétaire et financier.

Par dérogation au premier alinéa, n’est pas incompatible avec l’exercice d’une mission de contrôle légal la détention d’actions, de titres ou d’instruments financiers par l’intermédiaire d’organismes de placement collectif diversifiés, y compris de fonds gérés tels que des fonds de pension ou d’assurance sur la vie pour lesquels le détenteur n’a pas le pouvoir d’influer sur la gestion des investissements.

II. – Sont incompatibles avec l’exercice de la mission de contrôle légal les liens financiers qui sont établis entre les mêmes personnes que celles mentionnées au I lorsque les opérations n’ont pas été réalisées, ou souscrites aux conditions habituelles du marché et qu’elles portent sur :

1° Tout dépôt de fonds à terme ;

2° L’octroi ou le maintien de tout prêt ou avance;

3° La souscription d’un contrat d’assurance sur la vie;

4° L’octroi ou l’obtention de sûretés et garanties.

Ces liens sont également incompatibles avec l’exercice de la mission de contrôle légal lorsqu’ils sont établis entre la personne ou l’entité dont les comptes sont certifiés et le commissaire aux comptes postérieurement à sa nomination ou sa désignation.

III. – Sont incompatibles avec l’exercice de la mission de contrôle légal les liens financiers mentionnés au 1° et au 2° du I et aux 1° à 4° du II et établis entre d’une part la personne ou l’entité dont les comptes sont certifiés et, d’autre part, les membres du réseau auquel appartient le commissaire aux comptes, les personnes qui contrôlent la société de commissaire aux comptes ou qui sont contrôlées par elle, au sens des I et II de l’article L. 233-3 du code de commerce, si l’existence de ces liens peut amener un tiers objectif, raisonnable et informé à conclure que, malgré les mesures de sauvegarde appliquées, l’indépendance du commissaire aux comptes est compromise.

Article 34 – Incompatibilités résultant de liens professionnels

I. – Il existe un lien professionnel entre deux personnes lorsqu’elles sont liées par un contrat de travail ou une relation d’affaires qui n’est pas une opération courante conclue à des conditions habituelles de marché.

II. – Est incompatible avec l’exercice de la mission de contrôle légal tout lien professionnel entre, d’une part, la personne ou entité dont les comptes sont certifiés ou ses dirigeants et, d’autre part, le commissaire aux comptes ou l’un des membres de la direction de la société de commissaires aux comptes, ainsi que les personnes qui leur sont étroitement liées au sens du paragraphe 26 de l’article 3 du règlement (UE) n° 596/2014 du 16 avril 2014.

III. – Est incompatible avec l’exercice de la mission de contrôle légal tout lien professionnel entre, d’une part, la personne ou entité dont les comptes sont certifiés ou ses dirigeants et, d’autre part, les associés et salariés du commissaire aux comptes qui participent à la mission de certification, toute autre personne participant à la mission de certification, ainsi que les personnes qui leur sont étroitement liées au sens du paragraphe 26 de l’article 3 du règlement (UE) n° 596/2014 du 16 avril 2014, si l’existence de ce lien amène un tiers objectif, raisonnable et informé à conclure que, malgré les mesures de sauvegarde appliquées, l’indépendance du commissaire aux comptes est compromise.

Article 35

La survenance en cours de mission de l’une des situations mentionnées aux articles 32, 33 et 34 conduit le commissaire aux comptes à en tirer sans délai les conséquences.

Section 5 - Honoraires

Article 36 – Indépendance financière

I. – Le total des honoraires reçus d’une personne ou entité dont les comptes sont certifiés et, le cas échéant, d’une personne ou entité qui la contrôle ou qui est contrôlée par elle, au sens des I et II de l’article L. 233-3 du code de commerce ne doit pas créer de dépendance financière du commissaire aux comptes à l’égard de la personne ou de l’entité dont les comptes sont certifiés.

Il existe un risque de dépendance financière lorsque le total des honoraires reçus au cours de la mission de certification des comptes représente une part significative du total des revenus professionnels du commissaire aux comptes lorsqu’il s’agit d’une personne physique ou du total du chiffre d’affaires lorsqu’il s’agit d’une personne morale.

Lorsqu’il existe un risque de dépendance financière, le commissaire aux comptes met en place les mesures de sauvegarde appropriées.

En cas de difficulté sérieuse, le commissaire aux comptes saisit pour avis le Haut conseil.

II. – Lorsque le commissaire aux comptes exerce une mission de contrôle légal auprès d’une entité d’intérêt public, il respecte en outre les dispositions du paragraphe 3 de l’article 4 du règlement (UE) n° 537/2014.

Article 37 – Information sur les honoraires

I. – Le commissaire aux comptes informe la personne ou entité dont il est chargé de certifier les comptes du montant de l’ensemble des honoraires :

a) qu’il a perçu au titre de sa mission de contrôle légal ;

b) qu’il a perçu au titre des missions et prestations autres que la certification des comptes

c) que le réseau, auquel il appartient, s’il n’a pas pour activité exclusive le contrôle légal des comptes, a reçu au titre des missions autres que le contrôle légal et des prestations, fournies à une personne contrôlée ou qui contrôle, au sens des I et II de l’article L. 233-3 du code de commerce, la personne ou entité dont les comptes sont certifiés.

II. – Lorsque la mission du commissaire aux comptes porte sur le contrôle légal de comptes consolidés, les informations communiquées doivent porter sur les honoraires perçus par le réseau au titre des missions et des prestations autres que la certification des comptes et qui ont été fournies aux sociétés entrant dans le périmètre de consolidation de la personne ou entité dont les comptes sont certifiés ou, le cas échéant, à la personne ou entité qui la contrôle, au sens des I et II de l’article L. 233-3 du code de commerce.

Il appartient également au commissaire aux comptes de prendre toutes les mesures requises pour satisfaire aux obligations de déclaration d’honoraires, pour les missions et prestations fournies tant par lui-même que par le réseau auquel il appartient, à une personne ou entité contrôlée ou qui contrôle, au sens des I et II de l’article L. 233-3 du code de commerce, la personne ou entité dont les comptes sont certifiés.